“Certains puristes estiment que les musiques migrantes sont tout au plus des musiques traditionnelles de seconde zone, qu’elles ne sont plus authentiques et qu’elles ont perdu tout intérêt
culturel du fait de leur décontextualisation. Ne devrions pas plutôt considérer cette situation pour ce qu’elle est, sans a priori. Les musiciens – du moins les musiciens de métier – n’ont-ils
pas été de tout temps des migrants, des transfuges et des métisses culturels? Quant à l’authenticité, concept ambigu s’il en est, doit-elle être considérée comme le respect de règles supposées
immuables, ou simplement comme le produit de la sincérité? Dans ce sens, qu’il s’adonne aux joies du maqâm, du menuet, de la carmagnole, du rap ou de la techno, tout musicien peut être considéré
comme authentique, dans la mesure où son expression s’insère dans un contexte et qu’elle y répond à un besoin, ou en tout cas à une demande.”
(Laurent Aubert, "Prélude", Musiques migrantes. Genève: InFolio/MEG, 2005, p. 12).